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L’option musique, en quatrième et cinquième secondaire, est offerte par Vincent Lefebvre, un enseignant très dynamique et musicien accompli. Tout au long de l’année, les apprentis musiciens et apprenties musiciennes utilisent régulièrement le laboratoire Apple, puisqu’un logiciel très utile est inclus dans les ordinateurs MacIntosh : il s’agit de Garage Band, qui fait partie de la suite iLife.
Garage Band est une version conviviale et très simplifiée de logiciels utilisés par les musiciens professionnels, tel le logiciel Logic que Vincent utilise pour composer. Il s'agit donc d'un logiciel d’édition de musique et de composition.
Garage Band permet d’enregistrer de l’audio avec des micros et de transcrire ou créer de la musique à l’aide du clavier informatique ou d’un clavier branché à l’ordinateur. Ensuite, les séquences audio ou musicales (« séquences midis ») peuvent être travaillées et transformées. Le logiciel reproduit une cinquantaine d’instruments et comporte aussi plus de mille sons ou bruits préenregistrés. Tous ces sons peuvent être utilisés, entre autres, pour faire du montage sonore amateur pour accompagner des films. Selon Vincent, « Garage Band est un logiciel parfait pour initier à la création musicale et au montage. »
Billy Jean
Au cours de l’automne, les élèves de l’option musique en cinquième secondaire ont réalisé le projet « Billy Jean », titre d’une chanson de Michael Jackson. En début d’année, Vincent a d’abord revu avec eux diverses notions de base en musique, par exemple la notation musicale, les temps et les hauteurs de notes... Sitôt cette révision terminée, les élèves ont pu découvrir le logiciel Garage Band.
Le travail que les élèves ont eu à exécuter consistait à reproduire, à l’aide du logiciel, la partition musicale de Billy Jean. Ils avaient entre les mains une partition très succincte de la pièce, à partir de laquelle ils étaient en mesure de « re-créer » toute la chanson, d’une durée d’environ deux minutes et demie. À l’ordinateur, ils devaient transcrire la partition pour trois instruments : piano, basse et batterie, donc en utilisant les clés de fa, de sol et de batterie. Il leur fallait retrouver ces notes sur le clavier et maîtriser les trois façons d’écrire la musique selon les clés, etc. « Le logiciel est un super moyen de révision des notions de musique, précise l’enseignant. Si l’élève ne connaît pas ses notes, sa partition va mal sonner et il se demandera pourquoi... »
Les élèves travaillaient seuls, chacun devant son ordinateur, mais ils s’entraidaient généreusement et aimaient beaucoup faire écouter leur pièce à leurs voisins et voisines. « Ils étaient très motivés, même en travaillant seuls, explique Vincent. J’étais parfois surpris du silence dans la classe. Ils aimaient faire ce travail. »
À mesure que l’élève entrait ses notes, il écoutait le résultat. Au premier cours, la plupart étaient agréablement surpris... Qu’une musique puisse jouer « toute seule » grâce aux notes qu’on vient d’entrer est impressionnant. Se rendre au bout de la partition demandait toutefois de la patience...; l’élève la plus performante a terminé le travail en deux heures et demie, alors que les autres ont pris trois ou quatre heures.
Il faut bien avouer que dans le groupe, l’habileté à travailler à l’ordinateur n’est pas la même pour tous. Selon Vincent, on pourrait diviser le groupe en trois. Le premier tiers avance très rapidement; il a l’habitude de travailler à l’ordinateur, il maîtrise les commandes de base et il sait que les possibilités sont infinies; il n’est donc pas surpris de pouvoir faire de la musique. Les membres du deuxième tiers sont souvent ébahis, mais ils veulent découvrir et apprendre. Ils ont compris qu’en allant à leur propre rythme, ils obtiendront des résultats et que l’ordinateur leur sera utile.
Les élèves du troisième tiers surprennent toujours Vincent : ils sont complètement dépassés par les événements. Ils ne savent pas comment faire pour entrer des notes, tout va trop vite; ils appuient sur le mauvais bouton et la musique se met à jouer en boucle...; alors ils paniquent et appuient un peu partout, au hasard... Et quand plus rien ne fonctionne, ils se tournent vers l’enseignant! Vincent est étonné de constater qu’il y ait autant de jeunes, en cinquième secondaire, à ne pas être à l’aise avec le fonctionnement d’un ordinateur... S’ils savent clavarder ou écrire sur Facebook, ils ne semblent pas avoir l’habitude de travailler avec une utilisation plus concrète.
Pourquoi utiliser ce logiciel...
L’apprentissage de ce logiciel, explique Vincent, est utile à l’ensemble des élèves puisqu’il permet de devenir plus à l’aise à l’ordinateur et de développer une certaine maîtrise des techniques de base utilisées dans la plupart des logiciels. Par ailleurs, un bon nombre d’élèves sont passionnés par la technologie; pour ceux-là, c’est l’ouverture d’un nouveau champ d’utilisation de celle-ci qui s’ouvre.
Enfin, il y a cinq ou six élèves dans le groupe d’option qui souhaitent se diriger vers des études en musique au cégep. La connaissance d’un tel logiciel devient alors incontournable. Selon Vincent, « l’ordinateur a révolutionné le travail des musiciens. » Il ajoute : « Je crois vraiment qu’éventuellement, le vrai travail du musicien se fera de plus en plus devant un ordinateur : composer des musiques de film, de télévision, de publicité, c’est devant un ordi, en travaillant en solitaire. » Lorsque les élèves passionnés par la musique questionnent Vincent pour savoir quel instrument ils devraient se procurer, s’ils en ont déjà un, la réponse est catégorique : « Je leur dis d’acheter un ordinateur, parce qu’il faut que tu sois polyvalent en musique, tu ne peux pas jouer juste un instrument... Et le plus simple pour être polyvalent, c’est l’ordinateur. »
Un clavier musical branché à l’ordinateur
Pour compléter l’utilisation de ce logiciel, le collège a fait l’acquisition de quarante claviers musicaux. Dans le cadre d’un autre projet, les élèves de Vincent utilisent ces claviers dans un projet de création et interprétation. Dans un cours théorique – car Vincent avoue être un fan de théorie –, l’enseignant explique comment faire une ligne de basse électrique et comment la transformer et la transposer. Il fait ensuite découvrir quels sont les accords qui peuvent accompagnent cette basse théorique, puis ils abordent le clavier. Grâce à celui-ci, les élèves peuvent enregistrer la partition en temps réel.
Lorsque la ligne musicale est enregistrée, les élèves abordent les fonctions de métronome, de rythme, etc. La ligne musicale étant devenue des séquences « midi » grâce à l’enregistrement, le « compositeur » peut changer les notes. « Tu fais stop, tu changes la troisième note qui était trop haute ou pas assez longue, explique Vincent. En fait, ce que je veux faire avec eux, c’est leur montrer qu’aujourd’hui, 95 % des musiciens qui gagnent leur vie en studio le font en créant à l’ordinateur; 95 % de la musique qu’on entend dans les films est faite par ordinateur. Mais c’est sûr qu’on ne peut pas rentrer n’importe quoi et imaginer le transformer en 'Frère Jacques'... »
Le travail à l’ordinateur permet aussi d’aborder l’aspect improvisation. Les élèves ont appris ce que sont les gammes, et ils savent que les gammes permettent d’improviser, par exemple les gammes blues, les gammes arabes, etc. Ils mettront en pratique ces connaissances pour découvrir comment « sonne » leur musique lorsqu’ils y ajoutent divers types de gammes.
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La musique à l’ordinateur : des projets enthousiasmants pour les élèves... et pour l’enseignant!
Marie Douville Dam'dou rédaction - conception
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