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Dans la deuxième partie de l’entrevue qu’il accordait en décembre à notre envoyé spécial Patrick Plante, le contremaître général du chantier du futur stade de soccer intérieur, Jean-Philippe Robitaille, a décrit les grands défis que présentait ce projet. Pour le contremaître, ce projet est réellement motivant, parce qu’il comporte très peu d’éléments standards.
Premier défi : la structure
La structure du stade, d’abord, est particulière. Les stades de soccer intérieur (baptisés soccerplex) ont souvent une structure de bois, par exemple au collège Marie-Victorin. Le résultat est très beau, mais la facture est élevée... Afin de respecter le budget alloué pour la construction du stade Antony-Carola, il fallait chercher un autre type de structure.
Après avoir étudié diverses possibilités, on a opté pour une structure faite entièrement d’acier, selon un concept nouveau mis au point par Lainco, une entreprise spécialisée dans la conception, la fabrication et le montage de charpentes métalliques. Sept poutrelles maîtresses supporteront la toiture, adoptant un design étonnant : toutes les poutrelles sont arquées avec un « V » et adoptent donc le design d’un pont. « Comparé aux poutrelles d’acier habituelles qui n’ont aucun look, ce design donne du punch et au niveau structural, le coup d’œil est vraiment étonnant », explique Jean-Philippe avec fierté. Lorsque des structures d'acier sont préparées à l’usine, avant la livraison, on se contente habituellement de donner une sous-couche de peinture. Cette fois, on y a ajouté aussi une couche d’apprêt blanc, afin d’obtenir un meilleur fini lors de la peinture finale. Lorsque tout sera installé, les peintres passeront sur l'ensemble du tablier métallique, sur les poutrelles maîtresses, sur les boulons et soudures, etc. Ainsi, le produit final sera vraiment beau, assure notre jeune chef de chantier.
« Le stade est réellement très impressionnant, surtout à cause de la hauteur et de la portée des poutrelles maîtresses », mentionne Jean-Philippe. Quelques chiffres : le soccerplex a 330 pieds de long et 200 de large. Du sol à la jonction du toit, on compte 45 pieds, alors que le haut du dôme est à 55 pieds. Le stade sera réellement imposant, comme on le constate déjà même s’il n’est pas terminé.
Deuxième défi : un complexe sur pieux...
La partie « visible » du stade est donc déjà étonnante. Et pourtant, ce sont peut-être les parties « invisibles » qui présentaient le plus grand défi et qui en surprendront plusieurs.
Il est bien connu que les terrains au bord de la Rivière-des-Prairies sont très marécageux, et que les constructions n’y sont pas toujours faciles. Jean-Philippe raconte que le projet rencontrait des problèmes au niveau des sols, qui n’ont « aucune capacité portante pour un aussi grand bâtiment ». La solution consistait donc à procéder avec des pieux, une technique bien connue en construction, mais qui est rarement utilisée pour des édifices d’une aussi grande surface.
Pour le soccerplex, il a fallu installer 134 pieux, et 59 pour la section des vestiaires. « Pour enfoncer un pieu, explique Jean-Philippe, il faut le battre [une expression qui signifie qu’on frappe sur la tête du pieu avec une masse métallique] jusqu’à ce qu’on rencontre un 'refus', c’est-à-dire le roc, là où on ne peut aller plus profond. » Les pieux sont enfoncés, en moyenne, à une profondeur de 70 à 75 pieds, ce qui leur donne une certaine capacité portante. Après, les pieux sont bétonnés, et on crée à partir de là un mur de fondation non conventionnel, parce qu’il est appuyé sur les pieux.
Troisième défi : la géothermie
Pour chauffer et climatiser un tel complexe, dans un contexte à la fois de développement durable et d’économie d’énergie, l’option « géothermie » s’est imposée.
Le principe de la géothermie est simple : il s’agit d’utiliser la chaleur issue de la croûte terrestre pour répondre aux besoins de chauffage et même de ventilation d’un bâtiment. La géothermie fonctionne selon le même principe qu’une thermopompe, c’est-à-dire par un échange thermique de l’air ambiant. La différence, c’est que ce système est basé sur la température loin sous la terre, là où la température est constante à 7 degrés, d’un bout à l’autre de l’année, tandis que la thermopompe est influencée par la température extérieure et n’est pas une solution pratique ni économique lorsqu’il fait très froid.
À nouveau, Jean-Philippe nous offre de bonnes explications. La géothermie dépend de la superficie du bâtiment, du nombre de pieds cubes à chauffer. Le nombre de « puits » sera déterminé selon ce calcul. Pour le stade, trente puits ont été creusés, et chacun descend à 500 pieds de profondeur! « La géothermie, c’est un très beau concept, et c’est surtout un concept gagnant dans une école. L’implantation des trente puits est très coûteuse, mais l’amortissement peut se faire sur une longue période, puisque le bâtiment est là pour très longtemps. » L’investissement en vaut vraiment la peine.
Les travaux se poursuivent...
Comme on le constate sur les photos prises par Dominic Loyer et qui sont présentées dans l’album joint à cet article, le travail a repris de plus belle dès le début de janvier. Si on compare la photo en vignette, prise le 6 janvier 2010, avec la photo ci-dessous, prise le 10 décembre 2010, on réalise la progression des travaux à l’extérieur. Les ouvriers de divers corps de métier s’activent aussi bien à terminer l’extérieur et la toiture, peu importe la température, qu’à faire avancer les travaux à l’intérieur du stade et du pavillon adjacent.
Il n’y a pas de doute, on jouera bientôt au soccer à l’intérieur de ce stade!
Marie Douville Dam'dou rédaction - conception
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