D’un premier octroi qui solidifie les bases du collège à la générosité du temps de Noël pour solidifier ses valeurs
Qui dit décembre dit, bien sûr, générosité, partage, ouverture... Depuis sa fondation, le Collège St-Jean-Vianney, comme le faisait le Séminaire des Saints-Apôtres, marque le temps de Noël par des activités spéciales d’ouverture et de partage avec les plus démunis. Mais décembre, pour le collège, c’est aussi l’occasion de rappeler l’annonce tant attendue pendant quelques années de l’octroi d’un montant substantiel, par le gouvernement du Québec, pour couvrir une partie de tous les frais de la construction de l’édifice...
L'octroi gouvernemental : une longue attente...
On se souvient que le Collège St-Jean-Vianney a ouvert ses portes aux étudiants en septembre 1959. Quelques semaines plus tôt, l’économe du collège, le père Joseph-Pierre Paquette, écrivait au député provincial du comté de Laval pour lui demander d’intervenir afin que le collège puisse obtenir un octroi du gouvernement pour financer en partie les frais de construction de l’édifice. Dès le 18 août, le député, Léopold Pouliot, adresse une demande au premier ministre du Québec, Maurice Duplessis, étant donné qu’à l’époque, les octrois étaient « discrétionnaires » entre ses mains.
La lettre demeure sans réponse... Et Maurice Duplessis décède, le 7 septembre 1959 – deux jours avant l’ouverture du collège. Les changements successifs de premier ministre, à la suite de ce décès, ont sans doute contribué à retarder l’étude du dossier. Le temps passe...
En novembre 1961, sous le gouvernement libéral de Jean Lesage, qui a choisi comme slogan « C’est le temps que ça change », le collège relance sa demande et dépose un mémoire au Service des budgets d’investissements universitaires du ministère de la Jeunesse, dont Paul Gérin-Lajoie est titulaire. Pour avoir accès à ce programme de subvention, il faut être considéré comme un établissement universitaire, ce qui est le cas du collège, puisqu’il offre les quatre dernières années du cours classique qui mènent au diplôme de baccalauréat ès arts.
Ce mémoire fait suite à l’envoi du bilan financier de l’institution et dresse la liste des besoins urgents auxquels il doit répondre, tant au plan pédagogique que financier : livres à la bibliothèque, appareils pour les laboratoires, aménagement d’une grande salle d’étude, projet de construction d’une piscine... On demande au gouvernement de prendre à sa charge les frais de construction de l’édifice, pour dégager une marge de manoeuvre financière.
Encore un an d’attente... Mais une attente bien récompensée! Le 20 décembre 1962 arrive la bonne nouvelle : une lettre signée du ministre de la Jeunesse, Paul Gérin-Lajoie, annonce au père Siméon Chiasson, supérieur du collège, l’octroi d’une « subvention de construction » de l’ordre de 550 000,00 $, subvention qui devra être utilisée pour rembourser des dépenses en immobilisations.
Le chèque n’arrive toutefois pas immédiatement. Il reste des formalités à remplir. Il faut d’abord fournir un exposé chronologique succinct des diverses étapes de la construction du collège depuis 1955 jusqu’à l’ouverture aux étudiants, en 1959; puis de 1959 à 1962. On découvre ainsi qu’en septembre 1959, le degré de « complétion » de la construction était seulement de 52 %!
Il faut également fournir la liste de toutes les dépenses effectuées pour ces travaux à chacune de ces deux dates. Cette liste nous en apprend beaucoup sur toute la générosité qui a entouré la construction du collège. Une grande partie de la gestion et de la construction de la bâtisse a été faite gracieusement, d’abord par le cofondateur, Hector Durand, puis par un grand nombre de bienfaiteurs et d’étudiants. Beaucoup de matériel de construction a aussi été offert; par exemple, plusieurs anciens se souviennent des briques usagées qui étaient données et qu’il fallait donc gratter et nettoyer afin de pouvoir les utiliser dans la construction du collège.
Pour obtenir la subvention, il fallait produire des pièces justificatives pour tous les matériaux et pour la main d’œuvre. Dans bien des cas, il a fallu se contenter de « reçus maison » équivalant à la valeur du temps ou des matériaux donnés. La somme de tout cela se montait à très exactement 790 358,70 $.
Le 5 juin 1963, toutes les formalités étant remplies, le père Chiasson recevait une nouvelle lettre du ministre Gérin-Lajoie, laquelle accompagnait le chèque de 550 000 $ à titre de remboursement d'une bonne partie des dépenses en immobilisation. Le collège pouvait entrevoir l’avenir avec un peu moins d’inquiétude!
Les soupers de l’amitié et les dépouillements d’arbre de Noël
Dans un collège voué aux vocations tardives et construit grâce à la générosité, la pastorale et les valeurs de partage occupaient évidemment une place prépondérante, qui ne s’est d’ailleurs jamais démentie.
Le souper de l’amitié
Au Séminaire des Saints-Apôtres, à La Prairie, les aspirants prêtres organisaient chaque année un repas du temps des fêtes pour des gens démunis de la banlieue de Montréal, non seulement pour les rassasier de nourriture, mais aussi d’affection. La tradition s’est poursuivie à St-Jean-Vianney. Comme le collège abritait depuis ses débuts la desserte de la paroisse Saint-Valérien, le père Jacques Leblanc a mis sur pied un réveillon pour les familles démunies de sa paroisse, avec l’aide d’étudiants du collège. Dans les années 70, une équipe apostolique a pris l’activité en main, invitant toute la population du collège à collaborer, soit en apportant des jouets, en préparant le repas, en animant la soirée, etc.
« Dans cette fête, peut-on lire dans le journal étudiant Journalys du 16 novembre 1973, nous essayons de créer un esprit de fraternité chez les participants. Cela se vit intensément lorsqu’on voit des sourires sur les visages des enfants quand ils reçoivent un présent. »
L’activité a ensuite été un peu oubliée pendant quelques années, mais elle a repris de plus belle, au milieu des années 80, organisée par l’animateur de pastorale Pierre Marot, en collaboration avec le père Jacques Leblanc. Jusqu’au début des années 2000, le souper de l’amitié sera organisé, un samedi de décembre, accueillant une centaine de personnes de la paroisse autour d’un magnifique souper, suivi d’une fête familiale pleine de surprises.
Le dépouillement d’arbre de Noël
Une autre activité a vu le jour, vers la fin des années 1980 : le dépouillement d’arbre de Noël pour de jeunes enfants d’un milieu défavorisé de Montréal. Cette activité se vit encore aujourd’hui à St-Jean-Vianney, et c’est sans nul doute, chaque année, l’un des plus beaux moments de la vie du collège.
L’objectif de l’activité est d’impliquer le plus grand nombre d’élèves possible dans un élan de générosité et de partage. Chaque classe du collège avait au départ un rôle à jouer dans l’organisation : apporter des jouets usagés de la maison, offrir du temps pour nettoyer et réparer tous ces jouets pour les transformer en magnifiques cadeaux; recueillir des sous afin de pouvoir défrayer le coût de l’autobus pour aller chercher les invités à leur école et les conduire au collège; préparer le lunch pour tous ces invités; et devenir des lutins pour accueillir les enfants et leur offrir une belle dose d’affection.
Si la répartition des tâches a changé au fil du temps, le scénario est pratiquement toujours le même. Au cours des premières années, le collège accueillait une trentaine d’enfants. Au fil du temps, le nombre a augmenté pour atteindre, pendant quelques années, 120 à 150 enfants. Depuis trois ou quatre ans, ce sont environ 80-90 enfants d’une école de Montréal-Nord qui sont reçus par les lutins de cinquième secondaire, ainsi, évidemment, que par le père Noël et la fée des étoiles.
Le dépouillement d’arbre de Noël est un événement précieux dans la vie des enfants reçus au cours de toutes ces années. C’est un souvenir tout aussi précieux pour les adolescents et adolescentes qui y ont participé, ainsi que pour les adultes qui ont apporté leur collaboration. Des anciennes témoignent avec émotion... :
« Je me rappelle les yeux ensoleillés des enfants lorsqu’ils voyaient le père Noël et qu’ils recevaient leurs cadeaux. C’était tellement merveilleux! Ce sont des moments qu’on n’oublie jamais et qui nous permettent de grandir et de cheminer énormément. » [Nadine, 2002]
« C’est l’activité qui m’a le plus marquée; ça m’a fait vivre tellement de belles choses. Rendre des enfants heureux, c’est le plus beau cadeau que tu puisses avoir durant le temps des fêtes. » [Tracey, 2003]
Le dépouillement d’arbre de Noël : un instant de pure magie dans la vie du collège...
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Marie Douville Dam'dou rédaction - conception
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