Laurence Khan-Rivest raconte l'expérience 24 heures de famine qu'elle a vécue en mai dernier.
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Ne pas manger pendant trente heures, tel était le défi qui s’imposait à moi. La deuxième édition du trente heures de famine du Collège Saint-Jean-Vianney est lancée. Plusieurs professeurs et élèves s’y sont inscrits. Que ce soient pour des raisons humanitaires ou personnelles, nous avons tous décidé de tenter l’expérience. Au total, nous étions une soixantaine.
Un défi de taille
Le but principal de l’expérience était de ramasser des fonds pour les gens qui souffrent de la famine. La somme accumulée, est ensuite transmise à Vision Mondiale qui se chargera de distribuer cet argent. Il faut dire que ne pas manger pendant une journée et demie permet aussi de mieux comprendre ce que les gens atteints de famine peuvent subir. Pour ma part, l’expérience fut une réussite. J’ai compris ce que c’était la faim, bien évidemment je ne l’ai pas testé sur toute une semaine ou sur tout un mois, mais je me suis sentie démunie. Voir les autres manger devant nous alors que nous n’avions le droit que de consommer de l’eau, ce fut un en quelque sorte un supplice. Pour l’occasion, plusieurs avaient préparé des muffins, des « brownies » ou même des gâteaux que l’on pouvait vendre dans la salle de récréation afin de récolter des fonds. Je ne sais pas si vous imaginez à quel point la tentation peut être forte lorsque les bonnes odeurs de ces desserts vous passent sous le nez alors que vous jeûnez. C’est horrible! De l’eau en voulez-vous, en voilà! Tout au long de cette expérience, nous avions une bouteille d’eau qui dans ce cas-ci, était notre meilleure amie. Pour notre sécurité, nous devions boire de l’eau, mais dans ces pays où règne la famine, l’eau potable est généralement une ressource rare. Plusieurs hommes, femmes et enfants, meurent de malnutrition, mais également de déshydratation ou même de maladies causées par de l’eau contaminée.
Une expérience qui amène une réflexion
Je crois que le trente heures nous a amenés à réfléchir sur les problèmes existants sur la planète et que nous tentons d’atténuer. En tant que Canadiens, nous avons la chance de vivre dans un pays où pratiquement toutes les ressources sont abondantes. Est-ce une raison pour se fermer les yeux? Où sont donc partis notre conscience sociale et notre sens de la solidarité? Je comprends que nous soyons plus touchés par la hausse des frais de scolarité et de la grève d’Air Canada parce que ça se passe à côté de chez nous, mais nous savons depuis des années et des années que des humains comme nous souffrent de faim et de soif, des difficultés que nous résolvons en nous commandant une pizza. Eux, ils ne peuvent pas se commander de pizza, ils n’en ont pas les moyens. Il faut cesser de vivre dans notre bulle et penser que les autres agiront à notre place. Il faut cesser de se dire que ces gens vivent dans des pays trop éloignés et que ce serait inutile de tenter quelque chose. Il faut cesser de se dire qu’à nous seuls, nous sommes incapables de régler ce problème, parce que si tout le monde pose des gestes, nous ne serons plus seuls à agir, mais bien des millions et peut-être même des milliards, jusqu’à finalement être la terre entière. Ce que je dis n’a rien d’utopique, il suffit simplement de tendre la main.
Merci à Laurence Khan-Rivest, du foyer 52, qui a rédigé cet article.
Merci également à notre animateur de pastorale Sébastien Doane, qui précise qu'au total plus de 300$ ont été remis à Vision mondiale.
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