Depuis que l’improvisation a fait son entrée au collège, elle n’a cessé de connaître du succès et de croître en popularité. Les deux équipes bien établies, les Crinkés de Louis-Philippe Desjardins et les Saints (précédemment appelés Viandes, Croquettes et So-Six) d’Alexis Paquette, ne cessent d’impressionner, et le tournoi de la Coupe du Dragon prouve, année après année, que l’improvisation est là pour rester!
Pour en savoir davantage sur cet art de la scène bien particulier, notre intervieweur maison, Patrick Plante, a rencontré l’ineffable Alexis Paquette, qui a contribué à la naissance et à la croissance de l’impro à St-Jean-Vianney.
Alexis a fait ses débuts en improvisation au tournant des années 2000, alors qu’il était étudiant au cégep Montmorency, à Laval. Il a fait partie de deux des équipes de ce collège, soit CRIM et MIM. « La piqûre est arrivée là, dit-il, et je n’ai jamais arrêté depuis. » Depuis la fin de ses études collégiales, il s’est joint à une « ligue de bar » – ce qui équivaut à une « ligue de garage » au hockey.
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Ligue d’improvisation de garage
La L.I.G. rassemble quatre équipes permanentes. Les rencontres ont lieu le dimanche, de 20 h à 22 h, au resto-bar Le Saint-Maurice, situé au 75, rue de Normandie, à Repentigny. Alexis Paquette fait partie de l’équipe des Elegant Mosquitos, tandis que Louis-Philippe Desjardins, entraîneur de nos Crinkés, fait partie de l’équipe des Atomic Pickles. |
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L’IMPRO À ST-JEAN-VIANNEY
L’improvisation a commencé sous forme de PAQ, à St-Jean-Vianney. Les moniteurs, Alexis et son père Yves (le célèbre Coach Paquette) ont lancé ce PAQ pour tenter de donner la piqûre aux jeunes et de vérifier s’ils avaient du talent, avant de décider de créer une équipe interscolaire. Pendant de longs mois, les participantes et participants ont été scrutés à la loupe...
À l’automne 2005, Alexis a lancé la première équipe d’improvisation de St-Jean-Vianney. L’entraîneur ne s’était pas trompé : le collège regorgeait de talents et cette équipe a fini l’année au premier rang de la Ligue Rencontre Théâtre Ados (voir l’article « L'équipe d'improvisation termine une saison parfaite! ). Dès cette année-là, Bénédicte Therrien-Hogue imprégnait sa marque dans l’histoire de l’impro au collège, remportant régulièrement les étoiles et les trophées dans les matchs et tournois.
Alexis se souvient : « On est parti en flèche la première année, ç’a été absolument incroyable, une saison parfaite. De là, il a été facile de se dire qu’on avait ce qu’il fallait pour continuer. »
À l’équipe d’Alexis s’ajoutait, dès l’automne 2006, une deuxième équipe, entraînée au départ par Vanessa Sansfaçon, puis par Fabiola Aladin, toutes deux des anciennes du collège. Fabiola a laissé sa place à Louis-Philippe Desjardins, cette saison, puisqu’elle est partie étudier à l’Université de Sherbrooke. Tout récemment, enfin, une nouvelle équipe, a été créée, formée de jeunes du premier cycle, sous la supervision d'Audrey Ann Tremblay, elle aussi une ancienne qui a joué dans l’équipe d’Alexis pendant trois saisons.
Les Crinkés 2010-2011 et leur entraîneur, Louis-Philippe Desjardins
LE PAQ D'IMPROVISATION
Bien sûr, le PAQ d’improvisation a toujours sa raison d’être et connaît toujours beaucoup de succès. Qui sont ces élèves qui s’inscrivent au PAQ? Selon Alexis, ces élèves ont tous un désir artistique. Étonnamment, « ce sont souvent des jeunes relativement gênés, mais qui veulent apprendre à l’être un peu moins, que ce soit pour être plus à l’aise dans les oraux en classe ou dans la vie en général; ils veulent essayer de sortir d’une espèce de coquille. Bien sûr, il y en a qui sont très extravertis. C’est un mélange... » Les jeunes de nature plutôt introvertie arrivent bien à faire leur place en improvisation; souvent, quand ils montent sur la scène, ils se transforment complètement et les résultats sont surprenants.
Tous les élèves peuvent choisir de s’inscrire au PAQ d’improvisation, qui se vit les mardis et jeudis, comme tous les PAQ culturels. Certains en font pendant un seul bloc au cours de l’année, alors que d’autres optent pour l’impro dans chacun des trois blocs. Alexis mentionne que ce PAQ est toujours très populaire : « Je n’ai pas encore compris pourquoi, dit-il, mais dès que ça a commencé, ce fut un hit instantané. C’est parti en flèche. J’avais toujours entre 30 et 35 jeunes dans mes groupes. »
Les périodes de PAQ permettent d’acquérir plusieurs notions liées à l’art de l’improvisation : il faut apprendre les règles du jeu, bien sûr, mais également apprendre comment on bâtit une histoire qui se tient, comment on se construit un personnage solide, etc. L’improvisation, c’est l’art « de créer un tout à partir d’un rien », explique Alexis. Une improvisation réussie est une improvisation qui se tient, qui a un début, un milieu et une fin. Et maîtriser cette technique..., ça ne s’improvise pas! Lorsque les jeunes ont compris ces principes, le groupe peut commencer à faire des simulations de matchs; le moniteur commente les réalisations, ce qui permet de s’améliorer constamment.
FORMATION ET VIE DES ÉQUIPES
Les jeunes qui souhaitent devenir membres d’une équipe interscolaire doivent participer à un camp de recrutement avant le début de la saison. D’anciens joueurs et joueuses du collège viennent donner des ateliers, tandis que les entraîneurs évaluent la rapidité d’esprit, l’aptitude à créer des histoires, à bâtir un personnage de chacun et chacune des candidats... De nombreux critères entrent en ligne de compte pour faire le choix des membres d’une équipe, « mais c’est sûr qu’un jeune qui est immensément drôle a plus de chances qu’une autre personne », précise l’entraîneur.
Les équipes comptent un maximum de sept joueurs, et elles doivent obligatoirement comprendre des gars et des filles; il faut au moins deux personnes du sexe minoritaire dans l’équipe. Lorsque la formation est complète, l’improvisation fonctionne comme tous les sports interscolaires, avec des entraînements réguliers chaque semaine.
Il y a actuellement deux formations de St-Jean-Vianney qui sont inscrites dans des ligues interscolaires. L’équipe d’Alexis fait partie de la LIRTA, de Laval. Pour Alexis, ce choix s’imposait au départ, puisque c’est une ligue qu’il connaît bien, étant de Laval. « C’est une ligue très forte, avec un énorme potentiel; les équipes sont puissantes. Quand on a lancé notre équipe, on a demandé à faire partie de la LIRTA et on a été accepté. » Toutefois, quand la deuxième équipe a été créée, en 2007, il n’y avait pas de place au sein de la LIRTA pour cette cette nouvelle formation. Elle s’est donc inscrite à l’ARSEM. Les équipes y sont un peu moins fortes, mais malgré tout d’un très bon calibre.
Les Saints 2010-2011 et leur entraîneur, Alexis Paquette
Quiconque a suivi l’évolution de l’équipe d’Alexis ces dernières années s’est aperçu que depuis 2007, elle adopte chaque saison un nouveau nom : Viandes, Croquettes, So-Six; cette année, elle avait opté pour les Quiches, puis elle a changé pour les Saints. L’équipe de Fabiola/Louis-Philippe, par contre, s’appelle les Crinkés depuis maintenant quatre ans. Pourquoi ces changements chez les joueurs d’Alexis?
L’entraîneur répond que c’est pour renforcer le sentiment d’appartenance chez les joueuses et joueurs. « Chaque année, l’esprit de l’équipe change parce qu’il y a des nouveaux joueurs, des nouveaux leaders... En improvisation, le sentiment d’appartenance doit être très fort, parce que tu te lances devant un public avec absolument rien d’autre que ce que tu as dans ta tête..., et avec les gens qui sont sur ton banc. Les noms d’équipe viennent des jeunes; quand je vois qu’un nom les fait triper, qu’ils trouvent ça drôle et que ça n’attaque personne, ça me va... Je leur donne ce petit plaisir-là. »
DE MATCH EN TOURNOI
Chaque équipe, dans sa ligue, joue entre huit et douze matchs par saison, avant de s’attaquer aux séries éliminatoires. Les Crinkés ont terminé leur saison régulière en première place au classement général, et se retrouveront en demi-finale le 12 avril. Les Saints ont remporté sept matchs sur sept depuis le début de l’année; ils joueront leur dernière partie de la saison régulière dans quelques jours avant de passer aux séries éliminatoires.
Les équipes d’improvisation ont l’occasion de participer à différents tournois au cours de l’année. Pour l’équipe d’Alexis, trois sont incontournables, année après année : la Coupe des Apôtres, au cégep Lionel-Groulx, est un tournoi très important, qui en était à sa treizième édition cette année; la Coupe-Ô-Trac, au cégep Montmorency, existe depuis bientôt vingt ans. Enfin, le tournoi provincial de Saint-Pascal de Kamouraska est très particulier, puisqu’il permet aux membres de l’équipe de vivre ensemble toute une fin de semaine et de fraterniser avec des gens d’un peu partout au Québec. Bien sûr, c’est sans compter la Coupe du Dragon que St-Jean-Vianney organise depuis maintenant cinq ans. C’est maintenant le plus gros tournoi qui existe pour les écoles secondaires de la région de Montréal.
Les Crinkés à la Coupe du Dragon 2011
UN MATCH D'IMPRO… COMME SI ON JOUAIT AU HOCKEY
La ligue d’improsivation est née, en 1976-1977, de la volonté du comédien Robert Gravel et de ses amis de faire un lien entre deux de leur passion : le hockey et le théâtre. Un nouveau sport est né : l’improvisation. Les joueurs, avec leur chandail de hockey, se retrouvent sur un terrain délimité, qu’on appelle évidemment une patinoire. Les deux équipes s’affrontent dans une joute théâtrale; sur un thème imposé, avec un temps et un nombre de partenaires et d’adversaires également imposés, les joueurs doivent bâtir une histoires à partir de presque rien et utiliser leur imagination au maximum pour emmener cette histoire là le plus loin possible. Il y a bien sûr un arbitre, qui fait partie du décorum. Le jeu, qui durait au départ trois périodes, est maintenant réduit à deux périodes, et à la fin de chaque match, les trois étoiles sont choisies.
Faut-il des aptitudes particulières? Selon Alexis, il faut surtout être dotée d’une grande ouverture d’esprit, parce que le joueur peut se retrouver pris dans toutes sortes de situations. Il doit avoir une imagination très fertile et un sens aiguisé de la répartie, pour réagir du tac au tac.
Un joueur peut et doit constamment développer ces aptitudes, d’où l’importance de l’entraînement, comme dans tout. Il faut développer sa façon de créer des personnages et des histoires, enrichir son imaginaire, etc. Les joueurs s’améliorent continuellement.
Le rôle principal de l’entraîneur, particulièrement pendant les matchs, « est de diriger l’énergie de ses joueurs vers quelque chose de concret dans un cadre qui ne l’est absolument pas. » On demande à des joueurs de partir d’absolument rien, d’inventer des histoires au fur et à mesure qu’ils parlent; l’entraîneur doit donc essayer de donner à ses joueurs des lignes directrices qui, selon le thème imposé, paraissent être les meilleures avenues à suivre pour construire l’histoire
L’entraineur doit aussi rappeler à ses joueurs certains mauvais plis auxquels ils devraient faire attention. Il lui faut aussi répéter souvent de laisser parler les autres joueurs : tout va toujours très vite dans un numéro d’impro, alors les jeunes essaient parfois de parler le plus possible, de prendre beaucoup de place. Les entraîneurs doivent les ralentir, leur rappeler qu’ils doivent jouer avec les autres, jamais tout seuls. En fait, c’est toujours la même chose qu’au hockey : « un joueur qui compte trois buts par période, c’est bien, mais c’est le fun aussi quand il fait des passes aux autres... C’est sûr qu’il est bon, ce joueur-là, mais il peut devenir dix fois meilleur s’il apprend à jouer avec ses coéquipiers. »
LES QUALITÉS DES SAINTS…
Selon Alexis, son équipe a une qualité bien particulière : « elle a une folie qui lui appartient. Elle a quelque chose d’indescriptible, qui est une espèce de magie. Les Saints sont toujours prêts à tout, peu importe l’idée qui est apportée dans le caucus, ils trouvent que c’est une bonne idée et ils vont toujours y aller à fond. On essaie de ne jamais se mettre de frein; ils y vont à fond la caisse et si ça marche, ça marche; si ça ne marche pas, ce n’est pas grave, ils recommencent. »
Le côté à améliorer vient en fait de l'expérience des jeunes. Certains joueurs sont là depuis trois ou quatre ans, ce qui leur donne souvent une longueur d’avance sur les autres équipes. De ce fait, ils ont tendance à prendre énormément de place pour essayer de faire avancer le jeu, ce qui laisse peu de latitude à leurs adversaires. Alexis fait travailler ses joueurs afin qu’ils parviennent à contrôler cette mauvaise habitude, pour ainsi mieux profiter de l’apport de leurs vis-à-vis sur la patinoire.
Patrick Plante a demandé à Alexis d’associer ses joueurs à différents titres souvent accordés, ou de donner leur principale qualité…
Le meilleur joueur? Sans contredit, Samuel Pipon-Lavoie est le joueur le plus complet de l'équipe.
La meilleure recrue? Maude Cossette-Lefebvre.
Le joueur le plus discipliné, sur lequel on peut toujours compter? Vincent Trudel. « C’est le joueur le plus équilibré; c’est justement un joueur qui est très introverti, au départ, mais qui se transforme complètement en impro.»
Le joueur le plus allumé? Félix Pipon-Lavoie.
Annie-Kim Fournier a un talent incroyable pour bâtir des personnages qui sont très forts à la base, ce qui fait en sorte que ce sont des personnages sur lesquels on peut bâtir des histoires au complet.
Olivia Lamarche a un incroyable sens du punch. Elle a le « timing » pour savoir exactement quand faire un gag qui fera immanquablement lever l’improvisation.
Andréanne Chagnon est la « colle » de l’équipe : joueuse exceptionnelle, ce qui ressort le plus de sa personnalité c’est qu’elle est capable, quand les joueurs s’écartent du sujet dans une impro, de reprendre les deux bouts et de les rattacher, permettant aux joueurs de terminer l’impro sur une bonne note.
Et la plus grande qualité de l’entraîneur? « Je pense que c’est l’écoute que j’ai envers mes joueurs. Je sais pertinemment bien quand c’est le temps d’envoyer telle ou telle personne sur le terrain, parce que je les sens; il y a quelque chose dans les yeux des joueurs et avec le temps, ça devient très facile de savoir qui est prêt à y aller, qui l’est moins, etc. »
Quant à son défaut…, Alexis préfère ne pas trop élaborer à ce sujet!..., mais ce serait lié à son manque d’organisation… Heureusement, dit-il, « j’ai une gang de parents qui sont incroyables, qui comprennent que le principe de l’impro, c’est d’être toujours un peu à la dernière minute... Ce serait bien d’arriver aux parents avec des feuilles, avec les détails pour un tournoi, etc., mais finalement, j’attrape toujours les parents à un match, en leur disant 'ah oui, en passant, on a un tournoi…'. C’est le bonheur pour moi que les parents me comprennent, mais je devrais faire un effort… » Merci aux parents!
Comme on le voit, ce n’est pas la vie qui manque en improvisation! Ne manquez pas le dernier match régulier des Saints, le mardi 29 mars, à 19 h, au collège!