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Après avoir construit un pavillon comportant un magnifique gymnase double et diverses salles de classe et d’activités, l’entreprise Syscomax s’active depuis le début de septembre sur le chantier où grandit, jour après jour, le futur stade de soccer intérieur. Ce chantier impressionnant est dirigé – puisqu’il se qualifie lui-même de « chef d’orchestre » - par le contremaître général Jean-Philippe Robitaille.
Notre envoyé spécial, Patrick Plante, nous a transmis l’entrevue qu’il a réalisée avec Jean-Philippe. De cette entrevue, nous tirons aujourd’hui une présentation générale de ce grand chantier et de son fonctionnement. En janvier, nous présenterons les grands défis qui font de ce projet une entreprise très motivante pour les concepteurs.
Il faut d’abord présenter Jean-Philippe. La photo ci-dessus montre bien qu’il s’agit d’un très jeune contremaître. Âgé de 25 ans seulement, Jean-Philippe est menuisier de métier; il travaille sur des chantiers depuis déjà sept ans, et a donc acquis son expérience sur le vif. Il est évident, à l’entendre, qu’il est passionné par son métier, et qu’il s’est perfectionné en utilisant de bonnes sources. Il s’exprime avec aisance, utilisant un vocabulaire précis et soigné, tout en sachant bien expliquer des notions pourtant compliquées pour qui n’est pas du métier. Bref, si le chantier est impressionnant, son chef d’orchestre l’est tout autant!
En quoi consiste le chantier?
Maquette tirée du site de Birtz Bastien Beaudoin Laforest architectes (www.bbbl.ca/)
Le grand bâtiment qui se construit comporte d’abord la section baptisée « soccerplex » : il s'agit du stade de soccer lui-même, en surface synthétique, qui comptera également une mezzanine pour les spectateurs, comme dans le gymnase construit l’été dernier.
Adjacent à ce stade, une section, au rez-de-chaussée, comportera un grand vestiaire avec douches, ainsi que la boutique de sports (proshop) qui est actuellement située dans le bâtiment de l’aréna. La boutique disposera de plus d’espace et sera mieux aménagée. À l’étage de cette section, une très grande salle de musculation – d’environ 3 500 à 4 000 pieds carrés – sera installée.
Le chantier comporte également un réaménagement du débarcadère des autobus et de l’entrée principale des élèves. Une partie du bâtiment de l’aréna sera aussi retouchée, en particulier l’aire de service et de cuisine du deuxième étage qui sera réaménagée pour la rendre encore plus fonctionnelle. Enfin, une grande entrée pour tout le complexe sportif sera construite.
Que dirige le chef d’orchestre?
Jean-Philippe se dit « chef d’orchestre »... Pourquoi? « Parce que, dit-il, la construction, c’est comme le Boléro de Ravel. Écoutez cette œuvre magnifique, qui commence tout en douceur, en lenteur, et finit par exploser, dans un mouvement irrésistible. Un grand chantier de construction, c’est ça!
« Quand on commence le chantier, explique Jean-Philippe, il y a un seul intervenant : l’entreprise d’excavation. Elle prépare le terrain, elle fait les tranchées. Bientôt arrivent le coffreur, puis les ferrailleurs, qui s’occupent de l’armature dans les murs de fondation. Ensuite viennent les gars de structure. Et là, tout s’enchaîne comme dans le Boléro : compléter la toiture, les murs extérieurs, la préparation de l’électricité, de la plomberie, de la mécanique... Et puis les murs intérieurs, les divisions, la fenestration. Tout a commencé à un rythme plutôt lent, et à la fin, c’est la folie, tout le monde est là! »
Tentant de quantifier les ouvriers présents sur le chantier, Jean-Philippe estime que pendant les premières semaines, ils sont environ une quinzaine. Actuellement, dans le quatrième mois de travail, ils sont entre 30 et 40. Vers la fin des travaux, quand on en sera à finaliser tout le système intérieur, à faire la finition de l’extérieur des bâtiments, à s’occuper du paysagement, etc., il y aura plus de 60 personnes qui travailleront en même temps... Dans l’ensemble, quelques centaines d’ouvriers auront apporté leur contribution, à un moment ou l’autre, pour mener à bonne fin ce chantier du complexe sportif.
Le rôle délicat du chef d’orchestre
Jean-Philippe explique son rôle... « Ma partition musicale, ce sont mes plans... C’est pourquoi je travaille en étroite collaboration avec les principaux intervenants pour être sûr que ma partition est bien à jour, que le ton est bien donné... »
Lorsque le projet a été lancé, le « client » – le Collège St-Jean-Vianney – a rencontré le bureau d’architectes choisis et des firmes d’ingénieurs. La firme d’architectes retenue par le collège, depuis de très nombreuses années, est BBBL, pour Birtz Bastien Beaudoin Laforest. Du côté de l’ingénierie, Dessau se charge de la mécanique et de la plomberie, et CIMA de la structure et du génie civil. Ces intervenants préparent pour le client un « rouleau de plans », la maquette de départ... Ensuite intervient l’entrepreneur général, Syscomax : il prend tous les plans, répartit le travail entre les différents corps de métiers, choisit avec soin les différents intervenants, se charge de toute la réalisation du projet en s’assurant de respecter au maximum autant le budget que l’échéancier. Évidemment, le plan original se modifie en chemin, en fonction des difficultés et des imprévus rencontrés.
Lorsque Jean-Philippe arrive sur le chantier, il se trouve donc en relation constante avec le « client », avec les concepteurs du projet – architectes, ingénieurs – et avec tous les sous-traitants qui interviendront dans le projet. Il a le mandat de faire exécuter tous les travaux qui sont confiés aux divers corps de métier... « Ce serait une lubie, dit-il, de croire qu’on pourrait faire travailler les corps de métier séparément, en faire entrer un nouveau sur le chantier seulement quand le précédent aurait terminé son travail... Le chantier durerait deux ans! Il faut donc faire travailler tout le monde en même temps. »
C’est là que le chef se met à l’œuvre, pour que tous les instruments puissent jouer en harmonie. « Il faut de la coordination, de la communication et de la psychologie, précise Jean-Philippe. Il faut savoir parler aux gars... Il y a des leaders, il y a des gars positifs et d’autres qui sont plutôt négatifs; il y a des gars avec du caractère. Il faut faire travailler tout le monde en même temps pour arriver à un bon produit final, enchaîner tout ça ensemble. Tu ne peux pas avoir de laisser-aller. »
Le métier de contremaître général est très prenant. Il a constamment à prendre des décisions; il doit sans cesse évaluer ce que chaque décision peut engendrer comme difficultés nouvelles, ce qu’elle nécessite en temps, en argent et en travail pour les ouvriers... C’est pourquoi Jean-Philippe insiste sur l’importance de bien communiquer avec les responsables des divers corps de métier pour entendre et comprendre leurs points de vue. « C’est un travail d’équipe, rappelle Jean-Philippe, mais c’est sûr que si quelque chose ne marche pas, je suis le premier sur la ligne de tir. C’est pour ça que c’est tellement important de se parler. Je ne sais pas tout, il y a tellement de détails qui peuvent entrer en jeu. Je dois prendre le temps de parler à tout le monde, prendre des avis, évaluer. »
S’il est le maître d’œuvre sur le chantier, le contremaître général est aussi en constante communication avec les architectes, ingénieurs et avec le client. Chaque mardi, une réunion de chantier réunit :
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Yves Lacroix et Jean-Marc Boulanger, qui sont bien sûr les représentants du « client »;
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Jean-Philippe, son chargé de projet, Jean Maurice et le directeur des projets de construction chez Syscomax, Sylvain Grégoire;
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Suzie Houle, architecte déléguée par BBBL;
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et François Moreau, inspecteur, de chez Dessau.
Pendant les premières semaines, les ingénieurs participaient aussi aux rencontres, mais leur présence n’est plus requise maintenant, puisque leur travail est terminé à 95 %. À ces divers intervenants peuvent s’ajouter d’autres personnes, lorsqu’une problématique particulière requiert leur présence.
Il s’agit donc d’un projet que l’entreprise, Syscomax, qualifie de « clés en main »... Voyons la description qu’elle donne de ce type de projet sur son site internet (www.syscomax.com/fr/clesenmain/index.asp).
« La procédure est simple, le propriétaire intervient auprès d’un seul chargé de projet. Ce dernier, bien au fait des besoins particuliers et des demandes architecturales du client, établit une communication directe entre tous les intervenants liés au projet. Une coordination efficace, incluant une certaine souplesse, est alors possible entre les spécialistes concernés. Cette formule bien populaire dans le milieu des affaires permet aussi au propriétaire de suivre la progression des travaux lors des réunions de chantier prévues à l’échéancier. Bref, le clés en main fournit les plans et devis complets, réduit le temps de démarrage et de coordination des spécialistes et respecte les budgets et les échéanciers, le tout procurant une rapidité d’exécution et une économie de temps fort appréciables. »
Les travaux avancent bien...
Le chantier a donc pris naissance au début de septembre et progresse comme prévu. La date de livraison de la section du soccerplex est prévue pour le 1er mars; le chantier en est donc à plus ou moins 50 %. La section du vestiaire et de la salle de musculation doit être prête pour le début d’avril et les travaux en sont avancés à 40 %.
Au moment de l’entrevue, réalisée le 10 décembre, l’objectif à court terme était de parvenir à « fermer » le bâtiment avant le congé de Noël. Pour le soccerplex, il restait à fermer la toiture et les murs afin de pouvoir chauffer l’intérieur du bâtiment – à 3 ou 4 degrés – pendant la période des vacances, de façon à éviter que le sol gèle. En effet, si un tel gel survenait, les travaux subséquents seraient retardés, par exemple la préparation de la surface synthétique, l’installation des conduits souterrains pour les douches, les toilettes, etc. Fermer la toiture... n’est pas aussi simple qu’on peut l’imaginer : le 9 décembre, un pied de neige est tombé, rendant les poutres très glissantes et le travail impossible pour les couvreurs... Voilà le genre de problèmes qui agrémente le quotidien de Jean-Philippe!
Du côté du vestiaire, on doit parvenir à fermer le périmètre du rez-de-chaussée, même si la toiture et les murs du deuxième ne sont pas terminés, là aussi pour éviter que le sol gèle. Un sol gelé est instable, ce qui rendrait problématique la coulée de la dalle de béton.
Un chantier à suivre...
Depuis septembre, Dominic Loyer prend régulièrement des photos du chantier afin de nous permettre d’en suivre l’évolution. En cliquant sur le lien ci-dessous, vous pourrez voir différentes photos prises au cours des mois de novembre et décembre. Vous pouvez également consulter l’album photos « septembre-octobre » pour voir la naissance du chantier. Un projet à suivre!
Marie Douville Dam'dou rédaction - conception
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